Le 1er mai 1996, le Ministère de la Jeunesse et des Sports décidait de retirer de la Fédération Française de Karaté trois cadres techniques dont moi-même, et interdisait à celle-ci de nous engager à titre privé. D'un côté, cela a été un choc car je m'étais investi durant trente années dans cette structure et de l'autre, cela me libérai car je me débattais pour essayer de sauvegarder une certaine idée du Karaté alors que la pratique prônée par les structures internationales s'éloignant de plus en plus du Karaté originel que nous ont légué les premiers Maître japonais venus en France dans les années 60. Ecoeuré de beaucoup de choses et notamment du comportement de la plupart, mais libre et soulagé de quitter la France afin de tenter de réaliser un des rêves de ma vie : Trouver et diriger une réserve animalière en Afrique. Je quittais Paris le 1er novembre 1996 au volant de mon 4x4 pour un très long voyage. Je passerai sur ces années d'aventures, faites de moments exaltants et de dramatiques galères en alternances ou mêlés car ce n'est évidemment pas le propos. Aujourd'hui, je me trouve responsable au Burkina-Faso du Parc National des 2 Balé, d'une superficie de 80 000 Hectares dans lequel vivent une trentaine d'espèces de mammifères dont 300 éléphants qu'il m'incombe de protéger : un long et gros travail. Mais ces années m'ont entre autre servi à voir clair en moi. De mes 40 années de pratique de Karaté en tant que combattant comme en tant que dirigeant, il me reste la passion, l'expérience et la volonté. Les désillusions, les déceptions et les rancoeurs ne font pas partie de mon avenir. Je désire me battre pour défendre une idée et non contre qui ou quoi que ce soit ! Ce préambule est important pour moi car je ne veux perdre ni temps ni énergie à lutter contre les interprétations plus ou moins équivoques des uns et des autres. Si je me suis préparé un avenir chargé dans la protection des animaux, il n'empêche que mon passé se trouve dans le Karaté et je me dois de lier les deux dans une harmonie qui reste ma priorité. Nombreux sont ceux qui me demandent ou j'en suis par rapport à ma pratique et si je continue de m'entraîner. Je leur réponds que je n'ai jamais vécu autant dans la réalité de celle-ci. Non seulement j'ai continué à enseigner dans les différents pays par lesquels je suis passé mais surtout, je me suis mis dans des conditions d'existence ou les valeurs et les principes mentaux prônés par le Karaté-do devenaient essentiels à ma survie. Il s'agissait de passer de la théorie à la pratique. J'ai traversé des déserts, je m'occupe de villages démunis de tout, je me suis installé dans un des pays les plus pauvres du monde, j'ai fait et fait toujours la guerre aux braconniers en tous genres. Bref, je ne suis pas parti en villégiature dans une île paradisiaque. Le sanshin, la concentration, j'ai la prétention de connaître car ici, la moindre erreur se paie très chère et n'est pas uniquement sanctionnée par l'attribution d'un Waza-ari ou d'un avertissement d'arbitre. L'évolution dans la pratique des Arts Martiaux passe aussi par des rencontres et pendant ces 5 années , j'ai eu m'occasion de m'entraîner avec des personnes qui m'ont permis de progresser en m'ouvrant des horizons nouveaux notamment en ce qui concerne le travail de l 'énergie interne. Dans toutes traditions, la transmission par les anciens joue un rôle prépondérant. Aussi, actuellement, je pense qu'il relève de ma responsabilité de contribuer à conserver l'esprit originel du Karaté-do. J'ai lutté toute ma vie pour cela et je continuerai. Vu l'orientation que prend ce certains continue à nommer Karaté et qui, à mon sens n'en est plus, j'ai pris la décision de me réinvestir dans ce domaine à travers : - L'enseignement d'une méthode intégrant technique et éthique de l'Art Martial - La création d'une association personnelle - Le collège des ceintures noires du Karaté Do
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